Depuis bientôt 2 ans, je partage ma vie avec un membre de l’ASAM, certains d’entre vous le connaissent… Un vrai bonheur cela dit en passant. Je le suis régulièrement lors de ses exploits sportifs et ce que j’entends le plus souvent de la part des personnes que nous croisons, c’est : « Tu es inspirant ». « Inspirants », c’est l’adjectif qui me vient en tête lorsque je parle de vous tous, les membres de l’ASAM que je côtoie, depuis le début de mon implication, plus récemment ou très nouvellement.
Grâce à vous, je me suis réconciliée avec le sport que j’avais délaissé et vous côtoyer me pousse à me dépasser.
Aujourd’hui, c’est d’une nouvelle expérience dont j’aimerais vous parler. Le 20 septembre dernier a débuté la deuxième session de Zumba et pour me lancer un nouveau défi, j’ai décidé de participer à cette activité les yeux bandés. Cela me permet de comprendre, en partie, les défis auxquels les personnes ayant une déficience visuelle sont confrontées. Je dis « en partie » car cette immersion ne dure qu’une heure ensuite je retrouve mon confort de personne voyante. Nous sommes dans un espace protégé (aucun danger ni obstacle). De plus, Marie-Pier, bénévole pour l’activité, est là pour me secourir lorsque je m’égare ou me retrouve à danser face au mur.
Après ma première séance, mon sentiment était partagé. En effet, d’un côté les yeux bandés, je me sens plus libre et plus à l’aise mais d’un autre côté, je ressens comme un petit malaise. Ce n’est qu’au cours de la deuxième séance que j’ai compris pourquoi. Pour ma part, le fait d’avoir les yeux bandés me protège du poids du regard des autres. On s’entend que faire face, interpréter et se soucier du regard des autres est un problème que l’on a avec soi-même. Même si je sais que je fais plus ou moins bien les mouvements, qu’il m’arrive d’être en retard dans le déroulement, on dirait que ça ne m’importe pas dans le sens où le regard des autres, dont je me soucie beaucoup habituellement m’importe peu. Je ne le sens pas car je ne le vois pas. Par contre, ce que je trouve difficile c’est d’interagir avec les autres, de prendre ma place, de me faire entendre. J’ai opté pour la facilité et j’ai choisi d’attendre sagement, écouter, me concentrer, ressentir et attendre qu’on me donne la parole pour intervenir. Même si ça correspond assez à mon tempérament, on dirait que dans ces circonstances c’est plus pesant.
La chose à retenir, c’est que j’adore cette expérience de participer aux cours de Zumba les yeux bandés, ça permet d’être attentive à mes autres sens et de prendre conscience des difficultés liées à la cécité : l’équilibre, l’orientation, la compréhension des mouvements. Je profite pleinement de l’activité et rencontre des personnes que je n’ai pas l’occasion de croiser lors des autres activités.
Pour cette nouvelle saison, Marie-Ange et Marie-Pier ont travaillé fort pour favoriser l’accessibilité de la Zumba auprès de personnes ayant une déficience visuelle, veillant à avoir une constance dans les termes utilisés et favorisant la répétition des pas de base pour permettre une meilleure assimilation.
J’invite tous ceux qui aiment danser ou qui pensent qu’ils pourraient aimer à participer à une séance d’essai. Inutile de préciser que cette activité est ouverte aux bénévoles qui voudraient s’inscrire comme participant avec la possibilité de danser les yeux bandés ou non. Le coût est de 60 $ pour la session.
Bravo et merci à l’ASAMM, à ses membres et à ses bénévoles pour tout ce que vous êtes et ce que vous faites.
— Stéphanie Carrasco, bénévole à l’ASAMM